Un interminable WIP

mardi 26 janvier 2021

Retour rapide sur mes recherches en 3D ces dernières années.

En 2014, j'ai décidé de me remettre à la bande dessinée. Ça faisait pas loin de 10 ans que j'avais quasiment arrêté le dessin et je me sentais enfermé dans ce que je faisais. L'année précédente j'avais acheté une palette graphique et je m'y étais remis en pratiquant de nouveau les études de manière un peu régulière.

J'ai démarré un « projet test » pour me remettre en jambes et faire le point sur mes capacités, en utilisant le début du roman de David Brin, Le Facteur. L'idée était juste de faire quelques pages pour voir où j'en étais. Pour gagner du temps sur le dessin en me basant sur des références, j'ai expérimenté la modélisation 3D sous Sketchup et sous ZBrush.

Mini-projet The Postman (2014) : planches et références sous ZBrush (Gordon Krantz) et Sketchup (bâtiment d'université à Eugene, Oregon)

L'idée semblait bonne, j'aurais dû me méfier.

Passons sur le détail des années suivantes où j'ai continué ces expérimentations au service d'un autre projet de bande dessinée dont je ne sais vraiment pas s'il avancera un jour. Finalement j'ai surtout développé les recherches sur la modélisation de patrimoine architectural disparu, mais dont des traces existent via la gravure, le dessin, la peinture, le plan au sol comme en élévation, mais également les fouilles archéologiques et les hypothèses historiques.

Personnellement j'ai peu d'intérêt pour les monuments. Je trouve beaucoup plus intéressant de s'attacher à tout ce qui disparaît parce que jugé digne de peu d'intérêt (utilitaire, social, historique, artistique, etc). Bref souvent l'architecture des prolos. Mais aussi les bâtiments d'usage comme les gares, les usines ou ateliers. Je trouve ça touchant, de retrouver la trace des gens qui nous ont précédés à travers les transformations de l'endroit, parfois assez subtiles. Qu'une ville doive évoluer c'est une chose, mais comme par hasard c'est toujours les mêmes trucs qu'on détruit et il faut le dire : ça agace.

La 3D est donc une bonne manière de faire revivre ça. D'abord parce que c'est un moyen accessible, pas chiant, de montrer des choses parfois complexes à restituer au travers de seules cartes ou de textes. Ensuite parce que ça permet de tourner autour, de se rendre compte de l'échelle des choses, de leur localisation dans l'espace actuel.

De façon a priori incohérente j'ai commencé à bosser sur du gros bâtiment bien pompier, bien massif, bien monumental. D'abord parce que pour tester des choses il faut des sources et que celles-ci sont plus faciles à trouver sur ce type de bâtiments.1 Ensuite parce qu'un bâtiment bien carré, bien droit, c'est plus simple à modéliser quand on est nul on débute. Le premier bâtiment vraiment avancé sur lequel j'ai travaillé a donc été un projet jamais construit de théâtre à Rennes, au Parc de la Motte à Madame.2

Initialement j'ai travaillé sur Sketchup pour des raisons d'évidentes facilités d'utilisation du logiciel (vu que j'y connaissais rien de rien en 3D), mais également parce que mon intention première était de me servir de ces modélisations uniquement comme références pour du dessin, et pas en tant que produits finis. C'est en réalisant le temps que je passais dessus que j'en suis arrivé cette conclusion : quitte à modéliser des bâtiments, autant se garder la possibilité de les utiliser pour eux-mêmes, que ce soit en terme de pure 3D ou pourquoi pas imprimés au Fablab du coin.

Mais ça, ça voulait dire faire de la vraie 3D, misère de misère : quel imbécile !

Heureusement, pile à ce moment-là, Blender a fait une mue impressionnante pour devenir un logiciel pas encore simple d'accès mais beaucoup mieux gaulé qu'avant. J'ai donc commencé à tester l'importation de modèles Sketchup vers Blender. Sans surprise : ça merde à tous les étages. En partie la faute aux logiciels mais ça n'est pas surprenant. En grosse partie aussi faute à une technique de modélisation pas formidable de mon côté, faut pas se le cacher. J'avais initialement zéro compétences en 3D, je me suis lancé bille-en-tête : le résultat ne pouvait pas être fameux...

Finalement après pas mal d'heures de prise de tête, je discerne une méthode pour basculer sur Blender sans perdre mes modélisations d'origine. Ça nécessite pas mal de retouches évidemment, mais je m'en sors. J'ai usé de certains modèles libres de droit pour les moulures3 pour aller plus vite sur ces tests, ce qui en fait s'est avéré pas hyper pratique. Non pas que les modèles utilisés soient nazes, mais ils ne sont pas adaptés à l'usage que j'en avais. J'ai donc passé du temps inutilement à les modifier et à l'avenir j'essaierai d'éviter ça.

Importation de Sketchup vers Blender, nettoyage, remodélisation de certains éléments ou modélisation tout court selon les besoins (2019-2020)

Finalement cette année, j'ai réussi à trouver quelques trop rares moments pour effectuer des tests sur Substance Painter, qui m'ont permis d'aller un peu plus loin qu'auparavant en terme de rendu. Alors, bon, on ne rigole pas : ce sont mes premiers essais. Les habitués du logiciels vont immédiatement reconnaître les outils de base, probablement mal utilisés ou de façon trop manifeste. Pour l'instant ce n'est pas grave (les sculptures en question sont sur un fronton très élevé, ça fera l'affaire en terme d'apprentissage).

Ce qui est intéressant c'est que ça remet en perspective le processus de modélisation.

De manière complètement chaotique, je modélisais tous les détails sous Sketchup, mais le logiciel n'étant pas adapté le résultat était moyen (je pense notamment aux poutres, bien que je ne les aie pas utilisées sur ce modèle, sur lesquelles je faisais tous les nœuds du bois). Travailler sur Substance m'a fait mieux saisir le fait que certains détails peuvent être faits uniquement de cette manière sans devoir tout sculpter. Bien sûr il y a encore pas mal de boulot d'apprentissage là-dessus...

Tests sous Substance Painter (2020)

Enfin pour terminer, j'ai importé tout ça dans Unreal Engine sur lequel j'avais fait pas mal de tests par le passé.

Sans trouver de manière convaincante comment y importer mes modèles Sketchup, ce travail était un peu fait en pure perte. J'avais principalement fait des tests de materials sur des meshes primitives, pour essayer de comprendre comment tout ça fonctionnait (des crépis, des ardoises, des cours d'eau, des trucs comme ça). Pouvoir y importer des modélisations un peu correctes est du coup un vrai plaisir. Bien sûr il y a plein de problèmes à régler et je suis loin d'être un fin connaisseur du logiciel, mais globalement, le résultat est pas mal.

Tests sous unreal Engine (2020)

Cette année risque d'être hyper chargée, il y a donc de fortes chances pour que tout ça n'avance pas trop avant la fin de l'été. Malgré tout j'essaie de garder en tête l'objectif de travailler sur ce bâtiment, pour au moins terminer un projet de A à Z, avec aussi comme perspective d'habiller un peu tout ça avec de la végétation.

Reste que bien sûr, ce bâtiment-là ne fait pas partie de ceux sur lesquels je veux vraiment travailler. La perspective pour la suite, c'est de continuer à travailler sur le quartier entourant la chapelle Saint-Yves à Rennes, que j'ai commencé à modéliser il y a plusieurs années.

Cette fois-ci espérons-le, avec un peu plus de bagage technique...


1 Et encore, même si les musées et autres institutions publiques font un effort depuis quelques années en terme d'accès au fond iconographique, c'est franchement pas la gloire : parce que oui en fait, mettre en ligne toutes les photos d'un fond dans une qualité dégueulasse et/ou sans possibilité de télécharger les documents, c'est se moquer du monde.

2 Et oui, ça pourrait bien s'appeller comme ça rapport à de la prostitution à cet endroit mais c'est pas confirmé.

3 https://sketchfab.com/dikart


Pour mémoire : en vertu de l’article L.1224 du Code de la propriété intellectuelle, aucune utilisation des contenus du site n’est permise sans mon aval, quel que soit le contexte. Je peux tout à fait autoriser une utilisation à titre gracieux si j’estime que ça vaut le coup. Contactez-moi pour toute demande d’utilisation.